Hsing I
Les branches du Hsing I Chuan
Il existe trois branches dans le Hsing I chuan qui ont leur différences mais restent unies comme une famille dû à l’histoire commune des Maîtres fondateurs.
Le Xin I Liu He Chuan est la branche la plus ancienne et qui resta fidéle au Xin I des origines ; elle se caractérise par une répartition du poids de 70 % dans la jambe avant et 30 % dans la jambe arrière en fin de posture (une sorte de posture de l’arc nommée Gung Bo dans la boxe chinoise), l’utilisation du pas du coq, pointes des pieds relevées et buste très avancé afin d’attaquer avec tout le corps essentiellement « les sept étoiles » à savoir la tête, les épaules, les coudes, les mains, les hanches, les genoux et les pieds), très peu d’utilisation des formes ou des combinés à deux. Elle favorise majoritairement la marche et les sorties des forces durant l’exécution des animaux (Fa Li- Fa Jing) et beaucoup les travaux d’endurcissements (frappe contre les arbres etc).
Le Xin I Shi Ta Xing Une de branches très anciennes et très méconnues, elle est la branche musulmane aussi très proche de Xin I Liu He Chuan (qui en fait est un nom commun pour tout le Hsing I disons son nom ancien ainsi que celui de I Chuan), cette branche de Hunan fut passée de Ma Hsueh Li à Ma San Yuan qui était un redoutable combattant et tua plus de 40 personnes en duel d’ailleurs on ne lui connaît pas de successeurs et à Chang Chi Cheng, ses élèves les plus connus sont Li Cheng, Chang Chu, Mai Chuang Tu, An Ta Ching et Pao Hsien Ting.
C’est une branche très fermée qui n’enseigna qu’ à des musulmans. C’est une des raisons pour laquelle elle ne travaille que les dix animaux, les autres deux étant aigle et ours symboles des principes Taoïstes du principe aérien et terrestre ; cette branche est d’une efficacité redoutable et résolument tournée vers le combat, elle n’est pas demonstrative du tout. Un des derniers Grand Maîtres fut le Maître Hua Yu Long qui enseigna à Shanghai il y a quelques années (à plus de 80 ans), ceux qui l’ont connu peuvent dire comment un homme de cet âge peut symboliser le combat seulement en regardant son visage ; aujourd’hui cette branche s’ouvre aux non musulmans surtout aux USA.
Le Maître Li Lo Neng (1806-1890) né dans la commune de Shen dans le Hopei (Hebei) pratique les arts martiaux dès l’âge de sept ans. Il entend parler du Xin I chuan de frère Tsai lors d’un voyage dans le Shanxi et décide de leur rendre visite et apprendre cette boxe, sachant que la boxe est pratiquée seulement à l’intérieur du clan, il se déguisa en paysan pour vendre des légumes à la famille Tsai et devient ainsi leur voisin et se fit accepter dans les cours. Le Maître Tsai Lung Pan ne lui montra pas grand chose au début (seulement Pi Chuan et une partie de la forme de cinq éléments), mais en voyant sa sincérité dans le travail son frère Tsai Wen Xiong décida de lui enseigner le système complet. Li Luo Neng avait 37 ans, à 47 ans, il était un expert invaincu en combat.
Le Maître rentra dans le Hopei et suite à son expérience comme garde du corps Il décida de changer le nom de la boxe pour Hsing (forme) I (pensée) chuan( boxe) au lieu de Xin (cœur) I (pensée) Chuan (boxe), car il reflétait mieux l’union de l’externe et de l’interne (Xin I Chuan reflétant seulement l’interne) .
Le Maître transformera également le style ; il créa la posture San Ti She ou la posture des trois essentiels (Ciel, Homme et terre), et inversa la répartition du poids dans la posture (70 % dans la jambe arrière et 30 % dans la jambe avant) et créa le premier combiné à deux Wu Xing Shen Ke (combiné à deux des cinq éléments) avec son premier élève Che Yu Hong (Che I Chai) Il transforma également les mouvements des cinq éléments et créa les douze animaux (le Hsing I Chuan sera connue comme le Hsing I des douze animaux ou Hsing I (Xing I) Shi Ar Xing.
Li Lo Neng est le premier à avoir commencé à enseigner le Hsing I de manière plus ouverte et de ce fait devient la branche la plus connue et la plus pratiquée du Hsing I et ses élèves furent tous des redoutables combattants ; le plus connu d’entre eux étant Kuo Yun Shen, qui accepta plus d’une soixantaine des défis et ne perdra aucun sauf contre son aîné Che I Chai qui lui donna une petite leçon d’humilité (Kuo était assez arrogant et sûr de sa force) et le Maître Tung Hai Chuan fondateur du Pa Kua Chuan qui enseignait à Pekin à ce moment là.
En réalité, ce combat qui est censé avoir opposé Tung Hai Chuan et Kuo Yun Shen durant trois jours n’a jamais eu lieu (Tung avait plus de soixante ans a l’époque). Ce fût plutôt le Maître Cheng Ting Hua élève de Tung Hai chuan qui était un natif aussi du même village de Kuo qui le persuada d’aller essayer le combat avec Tung, Cheng Ting Hua lui demande d’essayer d’abord avec lui et s’il pouvait le toucher, il pourrait aller combattre contre le vieux Maître ; Kuo ne réussit pas à toucher Cheng et abandonna ; une grande amitié unissait Kuo et Cheng et admiratifs de leur technique respective décidèrent que leurs élèves pouvaient pratiquer les deux disciplines respectivement.
Les élèves les plus réputés du Maître Li Lo Neng furent Che Yi Chai, Kuo Yun Shen, Liu Chi Lan, Song Shi Rong, Li Ching Chai, Chang Shu Te, et Pai Hsi Yuan.
Les Formes
Il existe un système commun à toutes les écoles de Hsing I ; bien sûr, certaines branches ont développé les combinés à deux, les formes (Tao Lu) ainsi que les armes, le système orthodoxe du Hsing I reste invariable pour toutes les écoles, c’est-à-dire :
A main nues :
- Wu hsing Chuan : 5 éléments ou 5 poings
- Pi Chuan (Métal)
- Peng Chuan (Bois)
- Tsuan Chuan (Eau)
- Pao Chuan (Feu)
- Heng Chuan (Terre)
- Shi Ar Hsing : Dragon, Tigre, Tai (Oiseau Mythique chinois), Tortue, Faucon, Hirondelle, Coq, Serpent, Cheval, Singe, Aigle et Ours.
- Wu Hsing Lien Han Chuan (Forme continue des cinq éléments)
- Wu Hsing Shen Ke (Forme combiné a deux des cinq éléments)
- An Shen Pao (Forme combiné à deux de combat)
- Ba She Chuan (Forme des neuf principes)
- Za Shi Chui (Forme de douze principes réunis en un)
- Shi Ar Hsing Chuan (Grande forme du combiné des douze animaux). Celle ci étant la forme de démonstration.
Avec des armes :
- Wu Hsing Kwan (Bâton de cinq éléments)
- Ji Zhuo Kwan ( Bâton de neuf Orients ou continents)
- San Cai Jian (Epée des trois principes)
- Wu Hsing Lien Han Jian (Forme continue de l’épée des cinq éléments)
- Hsing I Liu He Jian Da (Grande Forme de l’épée des six harmonies )
- Wu Hsing Tao (Forme de sabre de cinq éléments)
- Wu Hsing Lien Han Tao (Forme continue du sabre des cinq éléments)
- Wu Hsing Lien Han Qiang (Forme continue de la lance des cinq éléments).
Bien entendu, ceci n’est pas une liste exhaustive du système du Hsing I, mais seulement des formes et principes de base à toutes les écoles de Hsing I ; certaines mettent l’accent sur certains aspects, que ce soit les armes ou les douze animaux, certaines sur les cinq éléments et les combinés, etc.
Comme je l’ai signalé plus haut, le Hsing I est un art essentiellement conçu pour le combat, Il est enseigné et pratiqué en Chine essentiellement par l’armée dû à sa puissance dévastatrice et à sa simplicité (du moins apparente), mais dans la branche de Hopei ont été intégrés les travaux de Nei Gong, certes pour développer la force mais aussi pour des aspects énergétiques et de santé servant essentiellement à renforcer les organes et donc la santé des pratiquants.
Dans toutes les formes anciennes et notamment le Xin I (Shanxi ou Hunan) la pratique est essentiellement consacrée au combat, ce fut le Maître Sun Lu Tang qui était d’ailleurs un grand combattant et versé dans la littérature chinoise qui a commencé à expliquer à ses élèves qu’on devait pratiquer certes pour le combat mais aussi pour la santé et l’esprit.
Ce fut vers l’année 1894 que l’idée d’une famille commune entre le Hsing I, Le tai Chi Chuan et le Pa Kua Chang fut formulée par des pratiquants des ces diverses écoles notamment par le Maître Chen Ting Hua pour le Pa Kua Chang, Li Cun Yi pour le Hsing I Chuan et Liu De Guan pour le Tai Chi Chuan entre autres ; Ce fut Sun Lu Tang en 1915 en publiant son livre « Etudes de la boxe du corps et de la pensée » qui a officialisé la réunion de ces trois Arts en une seule famille le Nei Jia Chuan (Boxe de la famille de l’interne) ; et qui par la suite fut associé au monastère de Wu Tang par opposition au boxes associées au monastère de Shaolin.